Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il entendit meugler un sambhur traqué, le râle de la bête aux abois. Puis montèrent des hurlements de dérision et de méchanceté : c’étaient les jeunes loups.

— Akela ! Akela ! Que le Solitaire montre sa force ! … Place au chef du clan ! Saute, Akela !

Le solitaire dut sauter et manquer sa prise, car Mowgli entendit le claquement de ses dents et un glapissement lorsque le sambhur, avec ses pieds de devant, le culbuta. Il ne resta pas à en écouter davantage, mais s’élança en avant ; et les cris s’affaiblirent derrière lui à mesure qu’il se hâtait vers les terres cultivées où demeuraient les villageois.

— Bagheera disait vrai ! souffla-t-il, en se nichant parmi le fourrage amoncelé sous la fenêtre d’une hutte. — Demain, c’est le jour d’Akela et le mien.

Alors, il appliqua son visage contre la fenêtre et considéra le feu sur l’âtre ; il vit la femme du laboureur se lever pendant la nuit et nourrir la flamme avec des mottes noires ; et quand vint le matin, à l’heure où blanchit la brume froide, il vit l’enfant de l’homme prendre une corbeille d’osier garnie de terre à l’intérieur, l’emplir de charbons