Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/62

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s’apitoyer sur moi. Personne autre ne se souciait de moi.

Il se mit à pleurnicher.

— L’apitoiement du Peuple Singe ! ronfla Baloo. Le calme du torrent de la montagne ! La fraîcheur du soleil d’été !… Et alors, petit d’homme ?

— Et alors… alors, ils m’ont donné des noix et tout plein de bonnes choses à manger, et ils… ils m’ont emporté dans leurs bras au sommet des arbres, pour me dire que j’étais leur frère par le sang, sauf que je n’avais pas de queue, et qu’un jour je serais leur chef.

— Ils n’ont pas de chefs, dit Bagheera. Ils mentent, ils ont toujours menti.

— Ils ont été très bons, et m’ont prié de revenir. Pourquoi ne m’a-t-on jamais mené chez le Peuple Singe ? Ils se tiennent sur leurs pieds comme moi. Ils ne cognent pas avec de grosses pattes. Ils jouent toute la journée… Laissez-moi monter !… Vilain Baloo, laisse-moi monter. Je veux retourner jouer avec eux.

— Écoute, petit d’homme, — dit l’Ours, et sa voix gronda comme le tonnerre dans la nuit chaude. — Je t’ai appris toute la Loi de la Jungle pour tous les peuples de la jungle… sauf le Peuple Singe qui