Aller au contenu

Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à rouler de droite et de gauche en gémissant.

— En tout cas, il m’a récité tous les mots très correctement il y a peu de temps, dit Bagheera avec impatience. Baloo, tu n’as ni mémoire ni respect de toi-même. Que penserait la jungle si moi, la panthère noire, je me roulais en boule comme Sahi, le porc-épic, pour me mettre à hurler.

— Je me moque bien de ce que pense la jungle ! Il est peut-être mort à l’heure qu’il est.

— À moins qu’ils ne l’aient laissé tomber des branches en manière de passe-temps, qu’ils l’aient tué par paresse, ou jusqu’à ce qu’ils le fassent, je n’ai pas peur pour le petit d’homme. Il est sage, il sait quelque chose, et, par-dessus tout, il a ces yeux que craint le peuple de la jungle. Mais, et c’est un grand malheur, il est au pouvoir des Bandar-Log ; et, parce qu’ils vivent dans les arbres, ils ne redoutent personne parmi nous.

Bagheera lécha une de ses pattes de devant pensivement.

— Vieux fou que je suis ! Lourdaud à poil brun, grand fouilleur de racines, — dit Baloo, en se déroulant brusquement ; — c’est vrai ce que dit Hathi, l’éléphant sauvage : À chacun sa crainte. Et eux, les Bandar-Log, craignent Kaa, le serpent de ro-