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le second livre de la jungle

besoin de montrer large comme la main de votre peau avant que les champs soient nus. Lâche la Jungle, Hathi !

— On ne tuera pas ? Mes défenses étaient rouges au sac des champs de Bhurtpore ; et je voudrais ne pas réveiller cette odeur-là.

— Pas plus que moi. Je ne veux même pas que leurs os salissent notre terre. Qu’ils aillent chercher un nouveau gîte. Ils ne peuvent pas rester ici ! J’ai vu et senti le sang de la femme qui m’a donné à manger — de la femme que, sans moi, ils auraient tuée. Il n’y a que l’odeur de l’herbe nouvelle sur le seuil de leurs portes qui puisse faire partir cette odeur-là. Elle me brûle la bouche. Lâche la Jungle, Hathi !

— Ah ! dit Hathi. C’est ainsi que la balafre du pieu me brûlait la peau, jusqu’au jour où nous vîmes leurs villages mourir sous la poussée du printemps. Maintenant, je comprends. Ta guerre sera notre guerre. Nous lâcherons la Jungle.

Mowgli eut à peine le temps de reprendre souffle — il tremblait de la tête aux pieds de rage et de haine — que déjà la place occupée par les éléphants était vide. Bagheera le contemplait avec terreur.

— Par la Serrure Brisée qui m’a faite libre, —