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les croque-morts

qu’inondait annuellement la rivière, sur les joncs qui frangeaient l’angle du coude qu’elle formait, et sur la jungle emmêlée des pâturages derrière les roseaux dormants. Les perroquets et les corneilles, venus boire selon leur coutume, le soir, à grand renfort de piaillements et de jacassements, s’étaient envolés vers l’intérieur des terres afin de se percher pour la nuit, croisant en chemin les bataillons de renards-volants[1] qui se mettaient en campagne ; et des nuées d’oiseaux aquatiques se suivaient et se pressaient en sifflant et huant vers l’abri des lits de roseaux. Il y avait des oies à tête de baril ou à dos noir, des sarcelles, des canards siffleurs, des malarts et des tadornes, avec des courlis, et par-ci par-là un flamant.

Une Grue-Adjudant fermait pesamment la marche, volant comme si chacun de ses lents coups d’aile devait être le dernier.

Respect aux vieillards ! Brahmanes de la rivière… respect aux vieillards !

L’Adjudant tourna à demi la tête, fit une petite embardée dans la direction de la voix, et prit terre

  1. Vampires.