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l’animal, bien qu’un traîneau à chiens soit la chose la plus désespérante à conduire. Chaque bête — les plus faibles près du conducteur — est attelée à son propre trait. Celui-ci se rattache, en passant sous la patte gauche antérieure, à la courroie principale, où le fixent une sorte de bouton et de boucle qu’on peut glisser l’un dans l’autre d’un tour de main, en délivrant ainsi un chien à la fois. C’est là un point capital, car il arrive souvent à de jeunes chiens que le trait reste pris entre leurs jambes de derrière, où il peut les couper jusqu’à l’os. De plus, à tous sans exception, il leur faut se visiter entre amis pendant le trajet, et ils sautent de-ci de-là parmi les traits. Puis ils se battent, et il en résulte quelque chose de plus difficile à débrouiller le lendemain qu’une ligne de pêche mouillée. On peut s’éviter beaucoup de peine par l’emploi savant du fouet. Tout jeune Inuit se targue d’être un maître de la mèche ; mais s’il est facile de cingler un but marqué sur le sol, il l’est moins d’attraper, en se penchant en avant, le chien rétif juste derrière les épaules, quand le traîneau file à toute vitesse. Si on appelle un chien par son nom pour avoir « rendu une visite », et que le fouet en atteigne maladroitement un autre, les deux videront