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pour respirer. Alors il plantait rapidement sa lance de haut en bas, la ligne suivait, et, un instant après, il hissait son phoque au bord du trou, tandis que le chien noir venait l’aider à traîner le cadavre sur la glace jusqu’au traîneau. C’était le moment où les chiens restés sous le harnais écumaient et hurlaient dans le feu de l’excitation, et Kotuko leur appliquait la longue mèche comme une barre de fer rouge en travers des museaux, jusqu’à ce que le froid eût raidi le cadavre. Le plus dur, c’était de rentrer à la maison : il fallait aider le traîneau chargé à travers la glace raboteuse, et les chiens s’asseyaient pour jeter des regards affamés sur le phoque au lieu de tirer ; ils finissaient cependant par atteindre la route nettement frayée par les traîneaux, qui aboutissait au village, cahin-caha le long de la glace sonore, la tête basse et la queue dressée, tandis que Kotuko entonnait le « Angutivun tai-na tau-na-ne taina » (La Chanson du Retour du Chasseur), et que des voix le hélaient de maison en maison, sous le grand ciel terne et constellé.

Kotuko, le Chien, une fois parvenu à sa pleine croissance, eut aussi ses plaisirs. Il fit patiemment son chemin parmi les rangs de l’attelage, bataille par bataille, jusqu’à ce que, un beau