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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/248

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quiquern

La seule occupation d’un Inuit est de se procurer des vivres et des peaux pour lui et les siens. Les femmes transforment les peaux en vêtements, et, à l’occasion, aident à prendre au piège le petit gibier ; mais le soin d’assurer le gros de la nourriture — et ils mangent énormément — incombe aux hommes. Si la provision vient à manquer il n’y a là-haut personne à qui acheter, mendier ou emprunter. Il ne reste qu’à mourir.

Mais un Inuit ne songe pas à de tels malheurs, à moins d’y être forcé. Kadlu, Kotuko, Amoraq, et le petit gars qui jouait des pieds dans le capuchon de fourrure et mâchait des morceaux de graisse toute la journée, vivaient heureux ensemble comme aucune famille du monde. Ils appartenaient à une race très douce — un Inuit se met rarement en colère et presque jamais ne frappe un enfant — une race qui ne savait pas au juste ce que pouvait signifier le mot « mentir » et encore moins le mot « voler ». Ils se contentaient de harponner leur vie au cœur du froid cruel et sans espoir, d’échanger leurs bons sourires huileux, de raconter le soir d’étranges contes de fantômes et de fées, de manger à satiété, et de chanter l’interminable chanson des femmes : « Amna aya, aya amna, ah ! ah ! » le