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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/259

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le second livre de la jungle

montrer la glace libre. Il nous ramènera le phoque.

Les voix se perdirent bientôt, englouties par les mornes et froides ténèbres, et Kotuko avec la jeune fille s’épaulèrent, tantôt raidissant la corde, tantôt laissant le traîneau glisser à travers la glace dans la direction de la mer Polaire. Kotuko affirmait avec insistance que la tornaque de la pierre lui avait dit d’aller au nord ; aussi est-ce vers le nord qu’ils allaient, sous les étoiles de Tuktuqdjung le Renne — que nous appelons la Grande Ourse.

Jamais Européen n’eût réussi à faire cinq milles par jour sur des glaçons hachés et par-dessus les tas de neige aux arêtes coupantes ; mais ces deux-là savaient mieux que personne quel mouvement de poignet convient pour inviter un traîneau à tourner un hummock, quelle secousse l’arrachera d’une crevasse, et la force exacte que réclament les deux ou trois coups de lance, tranquillement mesurés, qui ouvriront une issue possible lorsque tout paraît désespéré.

La jeune fille ne disait rien, mais baissait la tête, et la longue frange en fourrure de glouton qui bordait son capuchon d’hermine volait autour de sa face brune aux larges pommettes. Le ciel, au-dessus d’eux, était d’un noir intense et velouté, qui s’é-