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chien rouge

jour où il était sorti de l’œuf. La lumière semblait s’être évanouie de ses yeux et les avoir laissés comme des opales mortes : et, de temps en temps, il faisait, avec la tête, de petites passes saccadées à droite et à gauche, comme s’il chassait en rêve. Mowgli somnolait tranquillement : il savait que rien ne vaut un somme avant de se mettre en chasse et il pouvait, par entraînement, s’endormir à son gré, quelle que frit l’heure du jour ou de la nuit.

Enfin, il sentit Kaa s’allonger et s’enfler sous lui, comme le gigantesque python se dilatait en sifflant avec le bruit d’une épée tirée d’un fourreau d’acier.

— J’ai revu toutes les saisons mortes, dit-il enfin, et es grands arbres et les vieux éléphants et les rochers dont les pointes étaient nues avant que la mousse y vînt croître… Es-tu encore vivant, toi, petit homme ?

— La lune vient seulement de se lever, répondit Mowgli. Je ne comprends pas…

— Hssh ! Me voici Kaa de nouveau. Je savais bien qu’il n’y avait que peu de temps… Maintenant, allons à la rivière, et je te montrerai ce qu’il y a à faire contre le dhole.

Il se dirigea, droit comme la flèche, vers le