L’animal leva la tête, et ses compagnons firent halte derrière lui : des chiens rouges par vingtaines et par vingtaines, à queues bas attachées, à solide encolure, à faible arrière-train, et à gueules ensanglantées. Les dholes sont d’ordinaire gens fort silencieux, et ils manquent de manières même dans leur Dekkan natal. Ils devaient être plus de deux cents rassemblés au-dessous de lui, mais Mowgli pouvait voir que les chefs de file flairaient avidement la piste de Won-tolla et tâchaient d’entraîner le clan en avant. Il ne fallait pas de cela, ou bien ils seraient aux liteaux en plein jour encore, et Mowgli voulait les retenir sous son arbre jusqu’à la tombée de la nuit.
— Qui est-ce qui vous a donné la permission de venir ici ? demanda Mowgli.
— Toutes les jungles sont à nous ! fut la réponse.
Et le dhole qui la lit montra ses dents blanches. Mowgli, du haut de l’arbre, le regarda en souriant, et imita en perfection le pépiement aigu de Chikai, le rat sauteur du Dekkan, voulant laisser entendre aux dholes qu’il n’avait pas pour eux plus de considération que pour Chikai. Le clan se referma autour du tronc, et le chef aboya sauvagement, traitant Mowgli de singe-grimpeur. Pour toute réponse,