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le second livre de la jungle

À mesure que a nuit avançait, le mouvement de rotation augmentait de vitesse. Les dholes fatigués craignaient d’attaquer les loups plus vigoureux, bien qu’ils n’osassent pas encore abandonner le terrain ; mais Mowgli sentait que la lutte touchait à sa fin, et il se contentait de mettre hors de combat. Les louveteaux commençaient à s’enhardir ; on avait le temps de respirer ; et maintenant, le simple éclair du couteau suffisait quelquefois à écarter un dhole.

— La viande touche à l’os, haleta Frère Gris.

Le sang lui sortait par vingt blessures.

— Mais l’os est encore à craquer, dit Mowgli. Aowawa ! Voilà comme nous sommes, dans la Jungle ?

La lame courut comme une flamme le long des flancs d’un dhole dont l’arrière-train disparaissait sous le poids d’un loup cramponné.

— Il est à moi ! grogna le loup à travers ses narines froncées. Laisse-le-moi !

— As-tu donc le ventre encore vide, Étranger ? dit Mowgli.

Won-tolla expiait cruellement sa victoire, mais son étreinte avait paralysé le dhole, qui ne pouvait se retourner pour l’atteindre.