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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/380

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la course de printemps

Clan de Seeonee aurait péri, lui aussi. Il ne reste rien que de vieux os. Ce n’est donc plus le Petit d’Homme qui demande congé à son Clan, mais le Maître de la Jungle qui change de route. Qui donc traverserait l’homme en ses desseins ?

— Mais, Bagheera et le Taureau qui me racheta, dit Mowgli. Je ne voudrais pas…

Un rugissement et le bruit d’un fracas au-dessous d’eux, dans les fourrés, l’arrêtèrent court, et Bagheera parut, légère, vigoureuse, et terrible comme toujours.

— C’est pour cela, dit-elle, en avançant sa patte droite d’où le sang dégouttait, que je ne suis pas venue plus tôt. La chasse a été longue, mais il gît mort au milieu des buissons — un taureau dans sa seconde année — le Taureau qui te rend la liberté, Petit Frère. Toutes les dettes maintenant sont payées. Pour le reste, ma parole est celle de Baloo.

Elle lécha le pied de Mowgli :

— Souviens-toi que Bagheera t’aimait, dit-elle.

Et elle disparut d’un bond.

Au pied de la colline, sa voix claire s’éleva encore, plus lente dans l’éloignement :

— Bonne chasse sur ta nouvelle piste, Maître de la Jungle ! Souviens-toi que Bagheera t’aimait.