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le second livre de la jungle

leurs racines… Elle s’éteignit enfin, et le bruit de la pluie résonnant sur des milles de terre ferme et de gazons, se transforma en un roulement de tambours voilés : le bruit de l’eau sur la terre molle.

Cela en disait assez.

Aucun villageois — pas même le prêtre — n’eut la hardiesse d’adresser la parole au Bhagat qui avait sauvé leurs vies, ils s’accroupirent sous les sapins, et attendirent le jour.

Lorsqu’il parut, ils regardèrent à travers la vallée et virent que ce qui avait été forêts, champs en terrasses, pâturages sillonnés de chemins, n’était plus qu’un amas de boue brute, rougeâtre, en forme d’éventail sur l’escarpement duquel gisaient, la tête en bas, quelques arbres. Cette boue rougeâtre montait très haut sur le flanc de la montagne où ils s’étaient réfugiés, endiguant la petite rivière qui commençait à former un lac de couleur brique. Du village, du chemin qui conduisait au temple, du temple lui-même, et de la forêt qui s’étendait derrière, il ne restait nulle trace. Sur un mille d’étendue et deux mille bons pieds de profondeur, le versant de la montagne s’était détaché d’une pièce, rasé net de la base au sommet.

Et les villageois, un par un, rampèrent à travers