Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/109

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et quitta l’abri du puits pour s’élancer sur Slane. Arrivé à bonne distance, il décocha un coup de pied à l’estomac de Slane, mais le rusé caporal savait quelque chose de la faiblesse de Simmons, et il connaissait aussi la parade infaillible contre le coup. S’étant penché en avant, la jambe droite relevée de telle sorte que le talon du pied droit arrivât à sept ou huit centimètres plus haut que la face interne de la rotule gauche, il reçut le coup en se tenant sur une jambe… dans l’exacte position d’un Gond en train de méditer… et préparé à la chute qui s’ensuivrait. Les deux tibias s’entre-choquèrent ; un juron retentit : le caporal tomba sur sa gauche, et le soldat s’écroula, la jambe droite cassée trois centimètres plus haut que la cheville.

— Malheureux que tu aies ignoré cette parade, Sim, dit Slane tout en se relevant et crachant la poussière.

Puis, élevant la voix :

— Venez le chercher. Je lui ai cassé la jambe.

Ce n’était pas littéralement vrai, car la défaite du soldat était son œuvre propre, puisque c’est le mérite spécial de cette parade de jambe que plus le coup de pied est violent, plus la déconfiture de son auteur est grande.

Tandis qu’on emportait Simmons pleurant de douleur, Slane s’approcha de Jerry Blazes et, se