tout son passé enfermé avec ses papiers. Mais bah ! je deviens gâteux, et c’est la volonté de Dieu qu’un homme ne doit pas servir sa reine à temps et à perpétuité.
Il se servit un nouveau coup de grog, et lâcha un énorme soupir.
— Laissez pousser votre barbe, Mulvaney, lui dis-je, et alors vous ne serez plus troublé par ces idées. Vous serez un civil véritable.
Dinah Shadd m’avait confié dans le salon son désir d’amener Mulvaney à laisser pousser sa barbe. « Ça donne l’air tellement civil », me dit cette pauvre Dinah qui détestait de voir son mari regretter son ancienne existence.
— Dinah Shadd, tu es une honte pour un honnête homme tout rasé, dit Mulvaney, sans me répondre directement. Laisse pousser ta barbe sur ton menton à toi, ma chérie, et ne t’occupe pas de mon rasoir. Il n’y a plus que lui pour me garder du déshonneur. Si je ne me rasais plus je serais tourmenté par une soif abominable ; car rien ne dessèche le gosier autant qu’une grande barbiche de chèvre qui vous pendille sous le menton. Tu voudrais donc que je boive tout le temps, Dinah Shadd ? À ce propos-là, tu me laisses à sec maintenant. Fais-moi voir un peu ce whisky.
On lui passa le whisky et il le rendit, mais Dinah