Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/57

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« J’allai droit à l’homme de la véranda, décidé, aussi sûr que je suis ici, à lui ôter la vie. Il se glissa au dehors.

« — Qu’est-ce que tu as donc à batifoler par ici, hé, résidu de ruisseau ? que je lui dis poliment, pour le mettre sur ses gardes, car je ne voulais pas le prendre en traître.

« Sans lever le front, il me dit, tout triste et mélancolique, comme s’il pensait que je le plaindrais :

« — Je ne peux pas la trouver, qu’il dit.

« — Ma parole, que je dis, tu as vécu trop longtemps… à venir chercher ainsi dans le logement d’une honnête ménagère ! Lève la tête, espèce de voleur glacé de la Genèse, que je dis, et tu recevras tout ce que tu désires et plus encore !

« Mais il ne la leva pas, et je lui envoyai un direct au-dessus du sourcil, à l’endroit où commencent les poils.

« — Voilà qui te fera ton affaire, que je dis.

« Mais ce fut la mienne, au contraire, que cela faillit faire. Je mis dans ce coup toute la force de mon corps, mais je ne rencontrai absolument rien que le vide, et je faillis me démancher l’épaule. Le caporal n’était plus là, et Annie Bragin, qui nous regardait de la véranda, se met à trépigner et à se comporter comme un poulet auquel le petit tam-