Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/67

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sière menaient leur sarabande sur le glacis et balayaient la plaine surchauffée.

— Gazeuse ? fit Ortheris en s’essuyant le front.

— Ne viens pas nous tenter en parlant de boisson, grogna Mulvaney, ou je te fourre dans ta propre culasse et… je fais partir le coup.

Ortheris ricana, et allant à une niche de la véranda, en tira six bouteilles de limonade.

— Où t’es-tu procuré ça, espèce de Machiavel ? demanda Mulvaney. Ce n’est pas de la gazeuse de bazar.

— Comment est-ce que je sais, moi, ce que boivent les officiers ? répondit Ortheris. Demande plutôt à l’homme du mess.

— Un de ces jours, mon gars, tu passeras en conseil de guerre, dit Mulvaney, mais (et il déboucha une bouteille) je ne te dénoncerai pas cette fois-ci. Ce qui est dans le buffet du mess est destiné à la panse, comme on dit, en particulier quand cette nourriture est de la boisson. À notre réussite ! Une sacrée guerre, ou bien une… mais non, nous voici dans la mauvaise saison. La guerre, donc ! (et il brandit l’inoffensive limonade aux quatre points cardinaux). Une sacrée guerre ! Au nord, à l’est, au sud et à l’ouest ! Jack ! espèce de sac à foin de trembleur, viens boire !

Mais Learoyd, mi-affolé par la menace de mort