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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/108

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le chien d’or

mais avancez ! Vous êtes aussi long que le père Glapin, quand il prêche le carême ; j’espère que vous serez aussi intéressant.

— Bien, chevalier, la grande compagnie, après avoir bu à la santé de toutes les beautés de Québec, désire boire, maintenant, à la santé de la dame de Beaumanoir, et en sa présence, fit Cadet, avec une sombre gravité.

Bigot fit un bond ; tout ivre et insouciant qu’il était, il n’aimait pas que son secret fut divulgué. Il en voulait à Cadet de son indiscrétion, car bien des convives ne connaissaient rien de cette étrange dame de Beaumanoir. Il était trop profondément libertin pour éprouver quelque remords. Cependant, à la grande surprise de Cadet, il s’était montré d’une extrême réserve, au sujet de cette dame ; il ne lui en avait jamais parlé.

— On dit que c’est une merveilleuse beauté, continua Cadet, que vous en êtes jaloux, et que vous avez peur de la montrer à vos meilleurs amis.

— Elle est libre et peut aller où elle veut, répliqua Bigot.

Il était en colère, bien qu’il vît que c’était folie de se fâcher.

— Elle ne laissera pas ses appartements, même pour vous, Cadet, reprit-il ; elle n’a pu fermer l’œil de la nuit, à cause de votre infernal tapage.

— Alors, qu’il nous soit permis, d’aller lui demander pardon à genoux… Qu’en pensez-vous, messieurs ?

— Accordé ! accordé ! fut le cri général, et tous se mirent à faire de bruyantes et vives instances auprès de Bigot, pour qu’il leur montrât la belle dame de Beaumanoir, cette superbe créature dont on parlait tant en secret.

Cependant Varin proposa de la faire monter au salon.

— Ô roi ! s’écria-t-il, envoyez-la vers nous ! Nous sommes de nobles Persans, réunis au palais, pour fêter les sept jours prescrits par la loi des Mèdes