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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/132

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le chien d’or

Babet, pour mettre du vif argent dans les pieds d’un homme.

— Ou de la folie dans la tête, répliqua Babet en riant.

— Et rien de plus naturel, Babet, puisque c’est comme cela que vous nous aimez. Mais ils sont deux. Qui donc accompagne le gentilhomme ? Tes yeux sont meilleurs que les miens, Babet.

— C’est bien ce que je t’ai toujours dit, Jean, et tu ne m’as jamais crue. Fie-toi à mes yeux et défie-toi des tiens… L’autre gentilhomme, dit-elle, en regardant fixement, pendant que son tricot dormait sur son jupon, l’autre gentilhomme est le jeune chevalier de Repentigny. Comment se fait-il qu’il revienne avant les autres ? Cela m’étonne.

— Cet officier doit venir de Beaumanoir, et il ramène le jeune seigneur, fit Jean, en soufflant de ses narines une longue bouffée de fumée.

— Il doit y avoir quelque chose de meilleur que la fumée, Jean.

Elle toussa ; elle n’avait jamais aimé la pipe.

— Le jeune chevalier, reprit-elle, est toujours l’un des derniers à revenir, quand ils ont leurs trois jours de fête au château, pour couronner la partie de chasse ! Il est mal parti, hélas ! il est à plaindre. Un si beau, si galant cavalier !

— Des mensonges ! des calomnies ! répliqua Jean avec chaleur. Le Gardeur de Repentigny est le fils de mon vieux seigneur. Il est possible qu’il s’enivre, mais il se comporte comme un gentilhomme alors, et non comme un charretier, comme un…

— Comme un batelier, Jean ! Je ne parle pas de toi, car depuis que je prends soin de ta boisson, il n’y a pas de meilleur buveur d’eau que toi.

— Bah ! ma femme, ta vue m’enivre suffisamment. Deux yeux clairs comme les tiens, une pipe, un bitter et le bénédicité avant le dîner, en voilà assez pour sauver un chrétien.

Les cavaliers arrivaient. Il se leva, ôta sa tuque rouge et salua poliment. Le Gardeur sauta de cheval