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le chien d’or

les paroles de son parrain ; elle avait les yeux fixés sur le parquet, et se pressait contre sa tante, comme pour chercher du courage et un appui.

Madame de Tilly éprouvait un vif chagrin. Elle aurait voulu savoir le nom de cet homme haut placé qui avait si lâchement trahi l’infortunée jeune fille.

— Je ne vous dirai pas son nom aujourd’hui, madame. Il m’a été révélé comme un secret. C’est un nom trop élevé pour que la loi l’atteigne, si toutefois nous avons une autre loi que la volonté de la maîtresse du roi. Mais l’épée du gentilhomme est là pour venger l’insulte faite à son maître. Le baron de St-Castin va bientôt arriver pour revendiquer son honneur. Dans tous les cas, j’en jure par Dieu, madame ! le lâche qui a trompé cette jeune fille, saura un jour laquelle de son épée ou de la mienne est la mieux trempée ! Mais bah ! je dis des bravades comme un guerrier indien en face de la mort. L’histoire de ces malheureuses femmes de la Nouvelle Angleterre nous a entraînés au delà de toutes limites.

Madame de Tilly ne pouvait s’empêcher d’admirer le vieux soldat, et elle partageait son indignation.

— Si cette jeune fille était mon enfant, dit-elle, avec attendrissement, toute femme que je suis, je ferais la même chose.

Elle sentit Amélie lui serrer le bras comme pour lui dire qu’elle partageait ses sentiments et son courage.

V.

— Voici Félix Beaudoin qui nous annonce que le dîner est servi, fit madame de Tilly, en montrant un ancien serviteur à cheveux blancs et en livrée, qui saluait profondément, debout, dans la porte.

Le Gardeur et de La Corne St. Luc saluèrent le vieillard avec bienveillance, s’informèrent de sa santé et prirent une prise de tabac dans son antique tabatière. Ces familiarités entre les gentilshommes