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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/189

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le chien d’or

espérant bien qu’on ne leur demanderait jamais compte de l’affaire de ce jour.

XIII.

L’Intendant et ses amis arrivèrent à toute bride dans la cour du château. Ils étaient furieux : Plusieurs avaient perdu leurs chapeaux ; tous étaient ébouriffés, et dans un état déplorable. Ils descendirent de leurs chevaux, s’élancèrent dans les corridors, jurant comme des démons et faisant retentir les dalles sous leurs pas irrités. Ils entrèrent dans la salle du conseil.

Bigot avait des flammes dans les yeux, des flammes dans toute la figure. Un éclair dans une tempête ! Il s’approcha de la table, salua le gouverneur et, faisant un violent effort pour se contenir ; — il dit d’une voix encore courroucée :

— Votre Excellence et messieurs du conseil nous pardonneront notre retard, quand ils apprendront que moi, l’Intendant royal de la Nouvelle-France, j’ai été insulté, assailli et menacé de mort, même, dans les rues de Québec, par une vile populace.

— Je le regrette beaucoup, et je vous prie de croire que je partage votre indignation, répondit le gouverneur. Je me réjouis de vous voir sain et sauf, continua-t-il. J’ai envoyé des troupes à votre secours, mais j’ignore encore, cependant, la cause de cette sédition.

— La cause de cette sédition ! c’est la haine que le peuple m’a vouée, parce que je fais exécuter fidèlement les ordonnances royales ; mais celui qui soulève la foule et lui donne l’exemple de l’insubordination ; celui qui est au fond de toutes les insultes que l’on nous fait ici, c’est ce notoire Philibert, Philibert le marchand !

Le gouverneur regarda l’Intendant avec assurance, et lui répondit :

— Le sieur Philibert est marchand, c’est vrai, mais il est gentilhomme de naissance, et ses principes sont des plus loyaux. Il serait, j’en suis sûr, le