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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/199

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le chien d’or

ciations au sujet de la paix : que les pacificateurs se hâtent et que Dieu les bénisse ! Si la paix nous est rendue et si la France reste fidèle à elle-même, elle se hâtera de peupler la vallée de l’Ohio et de s’assurer la souveraineté en Amérique.

« Mais il nous faut en même temps garder tous nos forts, les plus éloignés comme les plus rapprochés, et ne pas céder un pouce de terrain. Il faut fortifier Québec et le rendre inexpugnable. En conséquence, je joindrai ma voix à la vôtre, messieurs, pour représenter respectueusement au comte de Maurepas, combien sont inopportunes les dépêches que nous venons de recevoir.

« J’espère que l’Intendant royal voudra bien, maintenant, nous faire connaître son opinion sur le sujet, et je serai heureux d’avoir sa coopération dans une mesure si importante pour la colonie et pour la France. »

V.

Le gouverneur prit son siège.

L’Intendant n’était pas un partisan de la paix : la grande compagnie avait, en effet, toutes les raisons du monde de désirer la continuation de la guerre.

Elle avait le monopole du commerce et de l’approvisionnement des armées. La paix aurait vite tari les sources de ces immenses richesses que les associés amassaient si vite et dépensaient si follement. Elle aurait rendu le commerce libre et débarrassé la population du joug pesant qui l’écrasait.

Bigot prévoyait bien que, dans le calme et les loisirs de la paix, des plaintes pourraient s’élever au milieu du peuple, qui seraient écoutées. On le dénoncerait à cause de ses exactions, et qui sait ? ses amis de la cour ne seraient peut-être pas capables de les sauver de la ruine, ni même du châtiment, lui et ses compagnons.

Il savait cependant qu’il n’avait rien à craindre tant que la marquise de Pompadour gouvernerait le roi et le royaume. Mais Louis XV était capri-