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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/223

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LE CHIEN D’OR

Elle pria longtemps. On eut pu l’entendre se frapper la poitrine en s’écriant : Meâ culpâ ! Meâ maximâ culpâ !… qui me délivrera de ce corps de péché et d’afflictions ?

Les cloches sonnaient toujours. Elles lui rappelaient des voix aimées mais perdues à jamais ! voix clémente de son père, alors qu’elle avait encore sa divine innocence !… voix tendre de sa mère, morte depuis de longs jours ! Heureuse mort !… La pauvre mère ! elle mourrait de chagrin aujourd’hui ! Voix de ses compagnes d’enfance qui rougiraient d’elle maintenant ! Et parmi toutes ces voix, la voix irrésistible de l’homme qui lui avait juré qu’elle serait sa femme !

Et comme quelques notes jetées au hasard rappellent toute une mélodie oubliée, bientôt toutes ces réminiscences s’envolèrent et seules les paroles de ce matin vinrent captiver son âme. Au fond des ténèbres qui l’enveloppaient, elle entendit, comme la douce voix d’un ange qui va venir, cette bénédiction dont lui avait parlé la vieille gouvernante.

Les cloches ne souriaient plus. Son cœur était profondément touché. Ses yeux, arides comme les fontaines des brûlants déserts, se remplirent de larmes. Le tourment de ne pouvoir pleurer était fini. Ses pleurs coulèrent doux et abondants comme les eaux de la fontaine de Siloé.

Les cloches ne sonnaient plus depuis longtemps et Caroline priait encore… Elle priait pour lui !