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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/24

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le chien d’or

jeunes filles de la ville, et là, aux refrains des anciennes chansons françaises, aux accords des violons et des tambours de Basque, elles dansaient sur le gazon, avec les joyeux marins, qui leur contaient les nouvelles du vieux pays, au-delà des mers.

V

Le gouverneur descendit du bastion :

— Pardonnez-moi, messieurs, de vous avoir fait attendre, dit-il aux officiers de sa suite ; je suis si fier de notre beau Québec, que je ne finissais plus d’en vanter les splendeurs à mon ami Herr Kalm. Au reste, il sait les apprécier. Mais, continua-t-il, en enveloppant d’un regard d’admiration les citoyens de la ville et les habitants qui travaillaient à fortifier les endroits faibles des murs, mes braves canadiens se hâtent comme des castors qui construisent leurs chaussées. Ils sont résolus de tenir en respect ces effrontés d’anglais. Ils méritent bien, ces laborieux ouvriers, de prendre le castor pour leur emblème. Mais, je suis fâché de vous retenir ainsi.

— Le temps que Votre Excellence passe à veiller sur les intérêts de notre belle et chère colonie, n’est jamais un temps perdu, répliqua l’évêque, un homme grave et d’un aspect imposant. Et il ajouta : je voudrais que Sa Majesté elle-même pût monter sur ces remparts et voir de ses propres yeux, comme vous en ce moment, ce splendide joyau de la couronne de France ; Elle ne songerait pas, monseigneur, à le troquer, comme il en est question, contre un misérable coin de l’Allemagne ou des Flandres.

— Vos paroles sont belles et vraies, monseigneur l’évêque, reprit le gouverneur. Les Flandres entières qui sont aujourd’hui entre les mains puissantes du maréchal de Saxe, ne seraient qu’une pauvre compensation pour la perte d’une terre magnifique comme celle-ci, si l’on allait la céder aux Anglais.

La rumeur de quelque projet de ce genre était venue jusque dans la colonie, et en même temps, les