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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/252

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LE CHIEN D’OR

était froide ; la passion ne la brûlait pas comme le soir de la veille.

— Angélique ! fit Bigot.

C’était la première fois qu’il l’appelait ainsi. Elle tressaillit. Mais le cœur n’y fut pour rien. Elle le regarda en souriant de ce sourire vainqueur qui lui avait gagné déjà tant de victoires.

— Angélique ! dit Bigot, je n’ai vu nulle part de femme comme vous. Vous êtes faites pour embellir la cour…

Et je vous prédis qu’en effet, vous en deviendrez l’ornement, si… si…

— Si ?

Le plaisir et la vanité rayonnaient dans sa paupière.

— Est-ce que je ne pourrais pas orner une cour, la cour de France surtout, sans tant de Si ? fit-elle joyeusement.

— Vous le pouvez certainement, si vous le voulez.

— Si je le veux ? certainement je le veux ! Mais qui va me montrer le chemin de la cour ? Il est long, la France est loin !

— Moi ! si vous le permettez, Angélique. Versailles est le seul théâtre digne de votre esprit et de votre beauté !

IX.

Angélique crut à ces paroles flatteuses ; c’était, pour elle, de simples vérités.

Un instant, elle fut éblouie par l’espoir de voir la main de l’Intendant lui ouvrir ces portes d’or qu’entrevoyait son ambition…

Une foule d’images brillantes, vives, légères comme des oiseaux du paradis, voltigeaient devant ses yeux.

— Je voudrais bien savoir, pensait la vaniteuse Des Meloises, quelle femme pourrait rivaliser avec moi, si je me passais la fantaisie de descendre dans l’arène ! Ce n’était pas pour disputer la place de la Pompadour !