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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/255

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LE CHIEN D’OR

— Mais, par Saint  Picot ! comment pouvez-vous savoir ces choses ? questionna l’Intendant.

Il commençait à comprendre qu’il n’aurait de succès dans la réalisation de son plan, qu’en obéissant en tout à la capricieuse enfant. Angélique lui répondit :

— En ces matières d’amour, chevalier, la femme devine avec la plus grande facilité du monde. Cette faculté de deviner est comme un sixième sens qui nous a été donné pour protéger notre faiblesse.

Un homme ne saurait aimer deux femmes à la fois, sans que toutes deux en soient averties par un instinct infaillible.

— En vérité ! Les femmes sont des livres splendides, écrits en lettres d’or, mais dans une langue aussi difficile à comprendre que les hiéroglyphes.

— Merci de la comparaison, chevalier ! fit-elle en riant aux éclats.

— Il ne conviendrait pas, continua-t-elle, que les hommes pussent aisément scruter la femme. Cependant, nous, nous lisons dans les cœurs les unes des autres comme dans l’abécédaire de Troie, un livre si facile à comprendre que les enfants l’interprétaient avant de savoir lire.

XI.

Angélique jetait hardiment le défi à l’Intendant.

Elle voyait que c’était le plus sûr moyen de réveiller sa vanité. Lui qui se vantait de tant de succès, il voudrait sans doute venir à bout de sa résistance.

Elle ne se trompait point. Il lui promit de renvoyer mademoiselle de Saint Castin. Il n’était pas sincère cependant.

J’ai toujours eu la chance d’être vaincu dans les luttes qu’il m’a fallu soutenir contre votre sexe, Angélique, dit-il, radieux autant que soumis. Asseyez-vous là près de moi, en signe d’amitié.

Elle s’assit sans hésitation, lui abandonna sa main