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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/264

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LE CHIEN D’OR

— Nous sommes sorties tout un bataillon aujourd’hui, reprit-elle, en regardant le groupe jovial de ses amies. Un magnifique échantillon de la fameuse classe des Louise ! n’est-ce pas, chevalier ?

— Magnifique ! superbe ! incomparable ! exclama le chevalier.

Et il les lorgnait avec admiration.

— Mais comment avez-vous pu obtenir cette faveur ? demanda-t-il. Une Louise suffit pour bouleverser la ville… Et six à la fois ! En vérité ! la supérieure est bien complaisante aujourd’hui.

— Oh ! si elle l’est ! Écoutez ! D’abord nous n’aurions pas obtenu la permission de sortir aujourd’hui, si nous n’avions commencé par gagner la bonne Mère des Séraphins. C’est elle qui a intercédé pour nous. Et nous voici errantes dans les rues de Québec, prêtes à toutes les aventures qu’il plaira au ciel de nous envoyer.

IV.

La jolie Louise de Brouague pouvait bien exalter la classe des Louise. Toutes les élèves de cette classe portaient ce nom, et toutes étaient remarquables par leur beauté, leur rang et leurs manières.

La plus belle de toutes était mademoiselle de Brouague. Après la cession du Canada, alors qu’elle était encore dans toute sa beauté, elle suivit en Angleterre le chevalier de Lévy, son mari, et vint à la Cour rendre hommage à son nouveau Souverain. Georges III qui était jeune encore, fut frappé de sa grâce et de sa beauté, et il lui dit galamment :

— Si les dames du Canada sont aussi belles que vous, j’ai véritablement fait une conquête !

Accompagner les jeunes pensionnaires du couvent quand elles se promenaient dans la ville, c’était pour les galants d’alors un passe-temps agréable, une amoureuse corvée.

Aujourd’hui, ces promenades furtives se pratiquent encore et les galants renaissent toujours.

Les pieuses sœurs ne soupçonnaient point les ruses