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LE CHIEN D’OR

— Les dieux sont joyeux parfois, dit Homère, et leurs éclats de rire font trembler l’Olympe ! observa le père de Berey qui était assis à l’autre bout de la table. Jupiter n’a jamais ri de si bon cœur que le bourgeois !

Le soleil se coucha dans un océan de splendeur. Des gerbes de rayons d’or traversèrent une fenêtre et tombèrent comme une auréole sur la tête du beau vieillard. Il parut transfiguré. Ceux qui se trouvaient là, à sa table, n’oublièrent jamais, jusqu’à la fin de leur vie, le reflet de bonheur et de majesté qui illumina son front en ce mémorable instant.

III.

Il avait fait asseoir à sa droite Amélie de Repentigny et le comte de La Galissonnière ; à sa gauche, la radieuse Hortense de Beauharnois. Hortense avait pris de La Corne St. Luc par le bras et lui avait déclaré qu’il serait son cavalier ou qu’elle ne dînerait point. Le vieux militaire s’était rendu à discrétion.

— Je serai volontiers votre prisonnier, lui avait-il dit, car je n’ai ni le pouvoir ni le désir de m’échapper. Puis, je sais obéir !

Hortense lui donnait de légers coups d’éventail lorsqu’il regardait un peu trop les autres dames.

— J’ai choisi le plus jeune, le plus beau et le plus galant dès cavaliers ! dit elle, je ne veux pas qu’on me le ravisse !

— Tout doux ! Hortense ! C’est par erreur que vous m’avez pris. Le cavalier par vous convoité c’est le grand Suédois que vous vouliez conquérir, s’écria en riant le vieux soldat. C’est votre homme ! Les dames le savent bien et elles voudraient me délivrer de vos chaînes pour vous permettre de prendre le philosophe !

— Allez-vous chercher à m’échapper, chevalier ! je suis votre couronne, et vous me portez aujourd’hui !

Le monsieur Suédois ! il ne se connaît pas en