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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/316

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LE CHIEN D’OR

XI.

Les convives laissèrent la table et se dirigèrent, qui vers le sillon, qui vers l’observatoire, qui vers le parc. Cécile était d’un heureux caractère et se consolait vite de ses chagrins. Le beau Jumonville de Villiers l’invita à monter au grand balcon, où se passait, disait-il, une scène très drôle. Elle le suivit et le souvenir de son récent mécontentement se dissipa aussitôt.

Une scène très drôle, en effet, avait lieu sur le balcon. Un groupe de jeunes filles demi sérieuses, malgré leurs rires éclatants, entouraient le docteur Gauthier et le suppliaient de lire, leur destinée dans les étoiles. Les étoiles, ce soir-là, brillaient avec un éclat inaccoutumé.

À cette époque, comme encore de nos jours, et comme dans tous les âges, les femmes, à l’exemple des anciens juifs, demandaient des signes, tandis que les grecs — c’est-à-dire les hommes — demandaient la sagesse.

La femme a toujours été curieuse et elle le sera toujours ! Elle essaiera sans cesse de surprendre les décrets du destin, au sujet de la question suprême de son existence, le mariage.

XII.

C’est en vain que le docteur protestait, demandait grâce, plaidait les circonstances atténuantes, absence complète de télescope, les dames ne voulaient point accepter ses raisons.

— Il sait le ciel par cœur, se disaient elles, et peut lire nos destinées dans les étoiles, comme un évêque lit dans son bréviaire.

Il était dans tous les cas d’une bonne nature et d’une extrême complaisance. Bon nombre de ces hommes dévoués sont ainsi chaque jour la proie de leurs amis.

Hortense insistait plus que les autres :

— Dites-moi ma destinée, répétait-elle en riant, je