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LE CHIEN D’OR

Pour moi, tout est fini désormais ! tout, excepté la douleur et la mort !…

— Arrêtez ! arrêtez, Le Gardeur ! ne me laissez pas ainsi ! exclama mademoiselle Des Meloises, épouvantée.

Elle courut à lui, essaya de le retenir en le saisissant par le bras, mais il s’arracha brusquement de ses mains nerveuses, et nu tête, sans autre adieu, sans dire un mot, il s’élança dans la rue.

Elle monta à son balcon, se pencha au-dessus de la rue sombre et se prit à crier :

— Le Gardeur ! Le Gardeur !…

Ce dernier cri d’amour l’eut fait revenir de chez les morts s’il l’avait entendu ! Mais déjà il s’était enfoncé dans les ténèbres.

Et loin, sur le pavé sonore, on pouvait entendre encore résonner le bruit d’un pas rapide…

C’était Le Gardeur de Repentigny qui fuyait la belle Angélique Des Meloises.

X.

Angélique demeura longtemps sur son balcon, écoutant toujours si elle ne l’entendrait pas revenir.

Il ne revint pas !

Son amour aurait pu la sauver encore peut-être : elle se sentait vaincue et se trouvait plus heureuse de sa défaite…

Il était trop tard !

— Ô mon Dieu ! s’écria-t-elle, dans une angoisse mortelle, il est parti ! parti à jamais !… Mon Le Gardeur ! le seul qui m’ait aimée véritablement, il est parti ! je l’ai chassé par ma folie et ma malice !… Et pourquoi ?…

Pourquoi ? elle le vit clairement, et, dans son désespoir, arrachant ses tresses d’or et se frappant la poitrine, elle s’écria :

Que je suis méchante !… Oui ! affreusement méchante !…

Je suis la pire, je suis la plus méprisable des créatures ! Comment ai-je osé repousser la main de celui