CHAPITRE XXVI.
ENTRE LA DERNIÈRE VIOLETTE ET LA PREMIÈRE ROSE.
I.
— Oh ! Le Gardeur ! je vous en prie, demeurez avec moi aujourd’hui. J’ai absolument besoin de vous ! dit Amélie de Repentigny, d’une voix tendre et persuasive, à son frère le chevalier. Tante part demain pour Tilly et il faut mettre les papiers en ordre…
Dans tous les cas, j’ai besoin de vous,… fit-elle encore, en souriant avec douceur.
Le Gardeur s’assit. Il paraissait nerveux, fiévreux, malade. Rien d’étonnant, après la nuit qu’il avait passée à la taverne de Menut.
Il se leva, fit quelques tours, et regarda par la fenêtre ouverte. Il avait l’air d’un fauve qui cherche à s’échapper.
Il mourait de soif. Amélie lui apporta de l’eau, du lait, du thé. Il la trouvait bien bonne, bien compatissante, sa sœur !
II.
— Je ne puis pas rester dans la maison ; je vais devenir fou ! dit-il… Tu ne sais pas ce qui m’est arrivé !
Hier j’ai bâti une tour de verre aussi haute que le ciel, mon ciel à moi !… l’amour d’une femme !… Aujourd’hui, je suis enseveli sous ses ruines !…
— Ne parle pas ainsi, mon frère ! tu n’es pas de