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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/417

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CHAPITRE XXX.

FELICES TER ET AMPLIUS.

I.

Le bois s’enveloppait de calme. Les douces harmonies du soir seules passaient de temps en temps, par bouffies enivrantes, comme le chant d’une mère qui endort son enfant.

Amélie était assise avec Philibert sur la racine d’un chêne, comme sur le trône du dieu de la forêt.

Le hasard, ou l’entente de leurs compagnons leur avait ménagé cet instant de félicité.

Philibert lisait. Amélie écoutait la musique de ses lèvres. Il faisait semblant de lire, plutôt, les vers qu’il récitait, car l’ombre effaçait les pages inspirées. Le livre était un prétexte.

Il répétait la touchante histoire de Paulo et Francesca da Rimini, et sa voix vibrante était semblable à un cri de douleur. Amélie pleurait. Elle avait lu déjà ces pages sublimes de l’immortel Dante, mais jamais elle n’en avait saisi le sens et la grandeur comme maintenant. Jamais encore elle n’avait compris cette faiblesse touchante qui est la force de la femme ! Ô ! singulier mystère que le cœur de la femme ! Et la poésie qui sait découvrir ainsi les plus intimes secrets de l’âme est bien nommée divine !

Philibert suspendit sa lecture et enveloppa Amélie d’un regard débordant de tendresse. Elle se détourna toute confuse et fixa les vagues du lac qui