de vouloir me tromper et d’espérer y réussir !… Mais, je vous en préviens, ne me parlez plus d’amour tant que ce spectre blême hantera les chambres du Château !
— Elle partira, Angélique, puisque vous l’exigez ! mais quel mal vous fait-elle ? Je vous jure qu’elle ne m’empêche nullement de vous aimer et de vous être fidèle…
Il s’irritait à son tour, et chez lui, il n’y avait pas de feinte.
— Il vaudrait mieux que cette femme fut morte, gronda Angélique tout bas.
Puis elle affirma d’une voix ferme :
— Vous me devez cela, Bigot ; vous savez ce que j’ai perdu pour l’amour de vous…
— Oui, je sais que vous avez renvoyé Le Gardeur de Repentigny, quand il eut mieux valu le retenir dans les rangs de la grande compagnie. Pourquoi n’avez-vous pas voulu l’épouser, Angélique ?
Cette question choqua l’ambitieuse fille.
— Pourquoi je n’ai pas voulu l’épouser ! Bigot ? répéta-t-elle en scandant chaque mot. Est-ce sérieusement que vous me faites cette question ? Ne m’avez-vous pas dit que vous m’aimiez, vous ? et n’avez-vous pas tout fait pour me le prouver, tout, excepté m’offrir votre main ? Ne m’avez-vous pas fait entendre que je possédais votre foi, que vous m’aviez choisie entre toutes ? Ah ! j’aurais aimé mieux mourir et être enterrée sous la plus pesante des pyramides d’Égypte, sans espoir de ressusciter jamais, que de faire ce que j’ai fait à cause de vous ! Vous êtes un misérable pécheur, ou vous m’avez crue une misérable pécheresse !…
X.
Bigot était bien accoutumé aux reproches des femmes ! mais il ne savait pas trop comment répondre à cette passion indignée qui se dressait devant lui.
Il avait parlé tendresse à Angélique ; certes ! il s’était montré le plus empressé des amoureux ; mais