Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
le chien d’or

— Tant que je vivrai, disait-elle, ma reconnaissance durera, et jamais je ne vous oublierai dans ma prière de chaque jour.

Peu après cet événement, Philibert qui voulait apprendre l’art de la guerre et se consacrer au service du roi, fut envoyé aux grandes écoles militaires de France. Amélie entra au couvent des Ursulines ; car c’est là que les grandes dames de la colonie puisaient, dans leur jeunesse, les sciences et les belles manières qui les distinguaient plus tard.

Malgré les ombres glacées du cloître, où l’amour profane ne doit pas entrer, l’image de Philibert suivit. Amélie et son souvenir devint inséparable du souvenir de Le Gardeur. C’était le prince mystérieux qui enchantait ses rêves et charmait sa poétique imagination. Elle avait promis de toujours prier pour lui, et pour mieux accomplir sa promesse et ne jamais l’oublier, elle avait ajouté un grain d’or à son chapelet.

VIII.

Du fond de son cloître silencieux, Amélie n’entendit guère les bruits de la guerre qui dévastait la frontière et les lointaines vallées de l’Acadie ; elle n’avait pas suivi Pierre dans sa marche glorieuse depuis l’école militaire jusqu’au champ de bataille, et ne savait pas qu’on lui avait confié, comme à l’un des plus habiles officiers du roi, l’un des premiers commandements dans la colonie.

Son étonnement fut donc bien profond, en effet, quand elle sut que ce petit garçon qui avait été le compagnon d’enfance de son frère et le sien, était maintenant le brillant colonel Philibert, aide de camp de son Excellence le gouverneur général.

Assurément, il n’y avait rien là qui put faire rougir ; cependant un éclair illumina les profondeurs de son âme. Elle s’aperçut avec un certain malaise que celui qui avait tant occupé sa pensée depuis nombre d’années, était maintenant un homme, et homme noble et renommé… Elle était profondément in-