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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/465

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le chien d’or

— Vous n’osez pas ! Vous, le plus intrépide des Intendants que la France ait jamais envoyés ici, vous n’osez pas ? Un homme qui est un homme peut tout faire pour la femme qu’il aime, et cette femme devrait baiser la trace de ses pas et mourir à ses pieds s’il le voulait !

— Pour Dieu ! Angélique, vous allez, je crois, jusqu’à l’héroïsme ! N’importe ! je vous aime mieux ainsi qu’autrement.

— Bigot, vous feriez mieux de m’accorder ce que je demande !

Elle joignit les mains en disant cela, mais il y avait de l’acier dans ses petits doigts frémissants. Elle eut un regard cruel, un regard perçant qui traversa les murs de Beaumanoir. Bientôt, toutefois, elle réprima ce mouvement dangereux qui pouvait la trahir, et elle reprit en souriant :

— Eh bien ! n’y pensons plus ! Je vois que je n’y entends rien dans la politique ; je ne suis qu’une pauvre femme incomprise… Mais je souffre ici dans cette salle où l’air manque, où la chaleur augmente toujours. Heureusement, le jour commence à poindre ! Les danseurs se préparent à sortir et mon frère m’attend. Ainsi, Chevalier, je vous quitte : Au revoir !

XI.

— Ne partez pas maintenant, Angélique ! insista Bigot, attendez le déjeuner.

— Merci, chevalier, je ne puis attendre. Votre bal, a été magnifique… pour ceux qui aiment les bals.

— Et vous les aimez, n’est-ce pas ?

— Sans doute. Seulement il a manqué quelque chose à mon bonheur ; mais, que voulez-vous ? il faut bien se résigner.

Elle prit un air moqueur pour dire cela. Bigot sourit en la regardant, mais il n’osa pas lui demander ce qui avait manqué à son bonheur. Il ne voulait plus faire de scène.

— Permettez-moi de vous accompagner jusqu’à