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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/481

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le chien d’or

cière et diseuse de bonne aventure, elle pratiqua de concert avec Le Sage et Le Vigoureux la magie, la nécromancie et l’empoisonnement. Sa maison fut achalandée et sa renommée se répandit au loin. La duchesse de Bouillon et la comtesse de Soissons, mère du prince Eugène, furent accusées d’avoir eu des rapports avec cette femme scélérate, et bannies du royaume.

VI.

La Chambre Ardente reprit son œuvre de juste vengeance. Desgrais découvrit les crimes de la La Voisin et de ses associés et les bûchers s’allumèrent de nouveau sur la place de Grève.

La coupable La Voisin laissa une fille, Marie d’Exili ; cette enfant, jetée sur le pavé de Paris, fut recueillie par la charité. Sa grâce était remarquable, son esprit pervers. Elle échappa bientôt à la surveillance de ses protecteurs et se mit à vivre de sa beauté. Plus tard, quand les ans commencèrent à flétrir ses charmes, elle se souvint de l’art diabolique de ses parents et se fit à son tour empoisonneuse à gage.

Elle fut enfin soupçonnée. Mais elle avait à la cour une protectrice puissante qui l’avertit du danger, et elle s’enfuit déguisée en paysanne. Elle s’embarqua pour la Nouvelle-France, sur un vaisseau qui amenait des filles honnêtes destinées à devenir les femmes des braves colons.

Elle fut accueillie avec bienveillance. Personne ne soupçonnait, sous son modeste costume et son air ingénu, la redoutable héritière de l’art maudit d’Antonio Exili et de la sorcière La Voisin.

Marie Exili garda bien son secret.

Le sieur Corriveau, un riche habitant de St. Valier, avait besoin d’une servante. Il la vit, la trouva parfaitement convenable, bien jolie, sans doute, et l’amena dans sa maison.

Peu de temps après, madame Corriveau mourait.