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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/491

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le chien d’or

Elle marmottait quelque chose. Elle aimait à outrager son sexe et c’était un refrain d’une sale chanson de Jean Le Meung qu’elle fredonnait alors.

XV.

— Ce n’est pas joli, tante, de dire cela, exclama Fanchon en se précipitant pour embrasser la vieille, ce n’est pas joli cela, et ce n’est pas vrai…

La Corriveau fit un bond à la vue de sa nièce.

— Si ce n’est pas joli, c’est vrai, affirma-t-elle. Il n’y a rien de bon à dire de notre sexe, et les hommes qui le vantent sont des fous. Mais, continua-t-elle, en la regardant avec des yeux perçants comme des vrilles, quel vent mauvais ou quelle diabolique affaire t’amènent aujourd’hui à Saint Valier, Fanchon ?

— Ni vent mauvais, ni diabolique affaire, tante ! je viens de la part de ma maîtresse pour vous demander de monter à Québec. Elle veut vous consulter au sujet de certaines choses et elle se ronge les ongles d’impatience en vous attendant.

— Et comment se nomme cette personne qui ose ainsi, sans plus de gêne, donner des ordres à la Corriveau ?

— Ne vous fâchez pas, tante, c’est moi qui l’ai conseillée de vous mander près d’elle, et je me suis offerte pour venir au devant de vous. Ma maîtresse est une grande dame qui s’attend bien de monter encore ; c’est mademoiselle Angélique Des Meloises.

— Mademoiselle Angélique Des Meloises ! On la connaît !… Une grande dame, en effet… qui finira par descendre assez bas ! Une mijaurée aussi vaine que belle qui voudrait épouser tous les hommes de la Nouvelle-France et tuer toutes les femmes qui se trouvent sur son chemin. Au nom du sabbat, que peut-elle vouloir de la Corriveau !

— Elle n’a pas dit un mot contre vous, tante, et je vous prie de ne pas la traiter de cette façon ; vous me faites peur et je n’oserai pas m’acquitter de mon message. Mademoiselle Des Meloises m’a chargée