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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/77

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le chien d’or

quer ses dons dans le cas où je révoquerais les miens ?

— Si vous la tenez ? Comme une tortue tient une grenouille ! Pour preuve, voyez ce que dit Ricard à la page 970. Voici le livre.

Maître Pothier ouvrit son vieux bouquin et le passa à madame Bédard. Elle branla la tête.

— Merci ! j’ai oublié mes lunettes, dit-elle, lisez vous-même, s’il vous plaît.

— Avec le plus grand plaisir, chère dame. Un notaire doit avoir des yeux pour tout le monde, des yeux de chat pour voir dans l’obscurité, et la faculté de les rentrer comme fait la tortue, afin de ne voir que ce qu’il faut.

— Que le bon Dieu vous bénisse avec vos yeux ! fit madame Bédard impatientée. Lisez-moi ce que ce livre dit au sujet des donations révocables, c’est surtout ce que nous voulons savoir, moi et Zoé.

— Bien ! bien ! voici madame :

« Les donations stipulées révocables suivant bon plaisir du donateur sont nulles ; mais cela ne s’applique pas aux donations par contrat de mariage. » Bourdon dit aussi :…

— Foin de votre Bourdon et de tous les autres bourdons ! je veux faire une donation révocable, moi, il ne s’agit pas de celle de madame Lachance. J’ai été assez longtemps auprès de mon cher défunt mari, pour apprendre comme il faut tenir les rênes serrées avec les hommes. Antoine est un bon garçon, mais la prudente sollicitude d’une belle-mère le rendra meilleur encore.

Le notaire passa la main sur sa perruque.

— Êtes-vous sûre, demanda-t-il, que Antoine Lachance se laissera brider facilement ?

— Pourquoi pas ? je voudrais bien, par exemple, voir un gendre regimber ! Au reste, pour l’amour de Zoé, Antoine peut tout faire. Avez-vous fait mention des enfants, maître Pothier ? Je ne prétends pas que la mère LaChance ait maîtrise sur eux, pas plus qu’Antoine et Zoé.