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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/8

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VIII
pourquoi le chien d’or

consolantes et si fécondes pour le bien, des congrégations de la Très-Sainte Vierge, du Tiers-Ordre, de la Saint-Vincent de Paul, des dévotions au Sacré-Cœur, à la Sainte Face, etc., etc. : tout cela pour eux est cagotisme et hypocrisie.

Et, bien que ces petits tyrans de l’erreur soient excessivement peu nombreux, ils font loi. Leurs sifflets et leurs sarcasmes paralysent bien des œuvres religieuses. C’est surtout dans la littérature qu’ils s’imposent. Et le respect humain a acquis, sous ce rapport, un tel empire au milieu de nous, que l’auteur d’un roman, fut-il excellent catholique, n’osera pas, bien souvent, montrer la conduite de ses personnages telle quelle est dans leur vie de tous les jours, c’est-à-dire saturée en quelque sorte de l’idée chrétienne. L’on fera agir sous nos yeux, des années durant, un héros catholique, tout en ayant bien soin de ne jamais le montrer une fois par année, accomplissant envers son Dieu l’un de ces devoirs qui sont de tous les jours, qui devraient être de tous les instants.

Et c’est ainsi que presqu’infailliblement la lecture de ces ouvrages, outre quelle présente les inconvénients inhérents à la lecture de tout roman, conduit à l’indifférence et même à l’impiété. On s’habitue tellement à voir ces héros, même les meilleurs, ne remplir durant toute leur carrière aucun devoir de chrétien, que sans s’en apercevoir on finit par se persuader qu’il doit en être ainsi.

Les ouvrages de certains romanciers anglais, dus même à des auteurs protestants, sont sous ce rapport beaucoup meilleurs que nombre de romans français que l’on s’accoutume à considérer comme n’étant pas mauvais. Parceque sans cesse la foi chrétienne y est affirmée et les personnages y adorent et servent Dieu. L’enseignement chrétien s’en dégage et exerce son influence sur le lecteur.

L’ouvrage de Mr. Kirby nous a paru être tout à fait remarquable sous ce rapport, et offre aux romanciers catholiques un grand enseignement. Car il démontre d’une façon frappante combien est puérile leur crainte de passer pour des dévots ou des hypocrites, en donnant dans leurs œuvres, au sentiment catholique, la place qu’il devrait y occuper tout naturellement.

L’auteur a bien voulu permettre d’apporter, dans la traduction, quelques modifications d’expressions qui n’étaient pas en harmonie avec l’enseignement catholique.

Nous n’oserions pas recommander ce livre comme une œuvre de