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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/81

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le chien d’or

l’ouvrage. Comme de raison il faudra payer quelque chose.

— Comment ? madame, mais bien certainement, et avec plaisir encore !

Alors, maître Pothier, vite ! sortez l’alezan, et en route !

Le temps de faire un trait de plume ou d’emplir cette coupe de cognac et je reviens, votre honneur.

— C’est un vrai type que ce maître Pothier, remarqua Philibert pendant que le vieux notaire se rendait à l’écurie.

— Oui, un vrai type, votre honneur. On dit qu’il est le plus rusé de tous les notaires qui passent dans le village. Ceux qu’il prend sont bien pris. Il est si savant, paraît-il ! Si je vous disais que l’Intendant le consulte souvent, et qu’ils passent des moitiés de nuit ensemble à boire et à manger dans la cave du château.

— Vraiment ? alors il faut que je pèse mes paroles, répondit le colonel en riant, sinon il pourrait me jouer quelque mauvais tour. Mais le voici.

XI.

Comme il parlait, maître Pothier arriva monté à poil sur un cheval maigre comme les restes d’un procès de vingt-ans. Sur un signe du colonel, Zoé lui présenta une coupe remplie de cognac qu’il vida d’un trait. Il fit claquer ses lèvres avec volupté, puis, appelant l’hôtesse :

— Prenez soin de mon sac, lui dit-il ; il faudrait plutôt laisser brûler votre maison que perdre mes papiers. Adieu, Zoé, lis attentivement le contrat de mariage que je viens d’écrire, et je suis sûr que tes jolies petites mains ne pourront s’empêcher de me préparer un bon dîner.

Ils s’éloignèrent à la course. Dans sa hâte d’arriver, le colonel éperonnait son cheval, et ne s’occupait guère de son guide. Le pauvre notaire, les jambes comme les branches d’un compas, sous sa robe en guenilles, la tête menacée de perdre