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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/93

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le chien d’or

XIV pour lui même. Le portrait de la célèbre femme, copié d’après ce tableau, peut être vu encore dans la chapelle des Ursulines de Québec. C’est sainte Thaïs, s’agenouillant pour prier avec les religieuses :

La table, un chef-d’œuvre, était faite d’un riche bois canadien aux teintes noires nouvellement connu, et s’étendait sur toute la longueur de la salle. Au milieu, on avait placé l’un des plus beaux morceaux de l’art italien, une épergne en or massif, donnée par la Pompadour. Cette épergne représentait Bacchus assis sur un tonneau de vin, comme sur son trône, et offrant des coupes débordantes à des faunes et à des satyres qui dansaient une ronde.

Des gobelets de la Bohème et des coupes Vénitiennes, sculptés dans l’argent, brillaient comme des étoiles sur cette table magnifique. Ils étaient remplis jusqu’au bord des vins d’or ou de pourpre de la France et de l’Espagne, ou renversés dans les mares de nectar qui coulaient jusque sur les tapis de velours. Pour aiguiser la soif, on avait mis parmi les vases de fleurs et les corbeilles de fruits des Antilles, des fromages de Parmes, du caviar et d’autres stimulants.

II.

Une vingtaine ou plus de convives, mis comme des gentilshommes, mais dont les vêtements étaient en désordre et tachés de vin, la figure animée, les yeux rougis, parlaient bruyamment à tort et à travers, et d’une façon licencieuse.

De place en place, un siège vide ou renversé indiquait que des buveurs avaient roulé sous la table. Les valets qui les avaient emportés attendaient encore debout, en éclatante livrée. Dans une galerie, au fond de la pièce, des musiciens jouaient, quand les étourdissants éclats de la fête se taisaient un peu, les ravissantes symphonies de Destouche et de Lulli.