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le chien d’or

prit dans ses bras et l’emporta à travers l’espace radieux, au pied du Rédempteur, parmi les élus du ciel.

Ce rêve l’inquiétait, elle n’avait pas pu voir la face de son ravisseur, mais elle savait que c’était un homme qu’elle aimait, un homme qui faisait aussi, mais d’un amour inavouable.

L’arrivée au château d’une personne capable d’expliquer les songes, lui parut une bonne fortune, une permission de la Providence, peut-être.

— Je serais curieuse de consulter cette vieille femme, dit-elle à dame Tremblay.

La ménagère se hâta de l’aller quérir. Elle revint au bout de cinq minutes. Le bâton de la sorcière faisait, à chaque pas, retentir lugubrement le plancher du corridor.

XX.

Mère Malheur entra. Son aspect repoussant produisit une impression pénible sur l’esprit délicat de Caroline. Elle s’assit après y avoir été invitée, et attendit les questions qu’il plairait à la jeune curieuse de lui adresser.

Elle préparait d’avance ses explications de manière à passer pour habile en flattant les espérances de sa nouvelle dupe.

Caroline raconta le songe étrange qu’elle avait eu, et la diseuse de bonne aventure lui prédit l’heure de la délivrance et du triomphe, par les soins d’un ami ignoré.

Cette promesse fit sourire l’infortunée et la prédisposa en faveur de la vieille femme.

Mère Malheur, regardant tout autour de la pièce, pour s’assurer que les portes étaient bien fermées, reprit :

— Madame, je puis vous dire autre chose que la signification de votre songe, si vous le voulez ; je suis capable de découvrir qui vous êtes et pourquoi vous êtes ici.

Caroline se dressa stupéfaite en face de la sorcière.