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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/122

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le chien d’or

Elle colla la bourse sur sa joue, l’embrassa avec passion et la cacha dans sa poitrine.

Puis regardant le bouquet :

— Les belles fleurs ! les douces fleurs ! dit-elle… Les hommes croient que ces choses-là ne font point de mal… Elles sont comme celle qui les donne, belles en dehors encore…, et belles en dedans, aussi, comme celle qui va les recevoir.

Elle réfléchit pendant une minute en les regardant.

— Angélique Des Meloises, reprit-elle, vous m’envoyez ces roses avec votre or, parceque vous me supposez plus méchante que vous ! Allons donc ! Vous êtes digne d’être couronnée reine de l’enfer, cette nuit, avec ces roses suaves !…

X.

Elle regarda par la fenêtre et vit un rayon de soleil couchant illuminer un angle du rocher, à la cime.

Il est temps que je me prépare pour mon voyage, pensa-t-elle.

Elle dénoua ses longs cheveux grisonnants et les laissa tomber sur ses épaules. Elle prit le coffret d’ébène qu’elle tenait toujours caché dans son sein, et le déposa avec un soin particulier sur une tablette. L’ayant ouvert, elle en tira une petite fiole dorée, le faune antique, remplie d’un liquide brillant. Elle l’agita et des milliers d’étincelles s’allumèrent aussitôt.

Elle prit un mouchoir, le plia et le mit sur sa bouche et ses narines, pour se préserver de la volatile essence, puis, tenant le bouquet au bout de son bras, elle versa dessus quelques gouttes du liquide étrange en prononçant les paroles cabalistiques que la terrible Béatrice Spara avait apprises à Antonio Exili, et que sa mère lui avait enseignées à elle, sans en trop savoir la signification.