Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
le chien d’or

La pensée que son père la cherchait et qu’il allait arriver dans la colonie, lui causait une grande terreur. Elle, aurait bien voulu le revoir, ce père bien aimé ! elle serait prête à se jeter à ses genoux, à mourir pour expier sa faute ; mais lui pardonnerait-il même à ce prix là ?… Pardonnerait-il à Bigot ?… Non ! et l’un des deux mourrait !…

Ah ! si Dieu voulait prendre sa vie dès maintenant, avant que sa honte soit connue, dans la tombe où elle est déjà enfermée, loin du regard des hommes ! dans l’oubli !… Elle se leva, se jeta à genoux, dans un élan de douleur incommensurable, conjura le Christ de lui pardonner, supplia la mère de miséricorde d’intercéder pour elle, la misérable pécheresse ! pour elle qui allait entendre sonner l’heure de la honte et de l’expiation !

IX.

Un bruit de pas, sourd et lent, résonna dans le passage souterrain. Elle se dressa frémissante, en joignant les mains comme pour une prière nouvelle.

— Pourquoi craindrais-je ? pensait-elle, je n’ai jamais fait de mal à personne…

Les pas lourds et lugubres résonnaient de plus en plus fort sous les voûtes sombres.

Caroline s’approcha de la porte de fer. L’ange allait au devant du démon.

Deux petits coups se firent entendre. Elle trembla violemment et souleva la tapisserie. Quelque chose lui dit alors de ne pas ouvrir. Elle hésita. Mais la pensée que le château serait fouillé jusque dans ses plus intimes cachettes, lui rendit sa première résolution.

— Que Dieu me protège ! soupira-t-elle. Et elle tira le verrou.

X.

La lampe de la chambre secrète éclaira tout à coup la figure de l’étrange visiteuse, et Caroline, qui s’attendait à voir apparaître une forme repoussante,