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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/155

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le chien d’or

mort, vous, et vous vivrez pour la venger ! répondit Cadet dans sa rude sympathie.

— Je donnerais ma vie pour la rappeler de la tombe, Cadet… Oh ! si vous saviez comme je voulais dignement réparer le mal que je lui ai fait !

— Je devine tout, mais venez, mon ami, montons : allons délibérer… Damnées femmes ! vivantes ou mortes, elles font le tourment de l’homme !

XVI.

Bigot était trop abimé dans son désespoir pour faire attention aux remarques de Cadet. Il se laissa entraîner dans une autre pièce, loin des restes chéris de sa bien-aimée.

Cadet essaya de l’irriter. Sa nature grossière aimait mieux la colère et le ressentiment que les pleurs et la pitié.

Voyons ! dit-il, vous êtes un homme, Bigot ! du courage ! Je ne voudrais pas, moi, pour toutes les femmes de la terre et du Paradis, me décourager ainsi… Vous m’avez amené ici et vous devez me faire sortir sain et sauf de ce repaire de meurtrier.

— Oui, Cadet, répliqua l’Intendant, piqué du ton acerbe de son ami, je suis tenu de veiller à votre sûreté, et j’y veillerai… Quant à moi, je suis indifférent à tout ! Pensez et agissez pour moi…

— C’est ce que je vais faire. Écoutez bien. Si le gouverneur apprend cet assassinat, s’il apprend que nous sommes venus ici, pendant la nuit, pardieu ! il nous accusera et le monde l’approuvera.

Je ne tiens pas à être accusé du meurtre d’une femme, et je tiens encore moins à être pendu sans l’avoir mérité. Je ne risquerais pas mon petit doigt pour toutes les femmes du monde, à plus forte raison, mon cou pour une seule !

— Vous avez raison, Cadet, fit l’Intendant en se dressant debout. Une pareille accusation me rendrait fou… Qu’allons-nous faire ?

— Parbleu ! vous voilà raisonnable… Ce que nous