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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/162

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le chien d’or

— Il est bon, dit-il.

— Bon comme de l’or ! affirma Marcel.

— J’emporte tout, reprit Cadet, en voyage c’est quelquefois utile.

Et il jeta un louis d’or au portier ébahi.

— Vous savez, Marcel, appuya Cadet d’un ton sérieux, pas un mot de cela, pas un mot ! ou…

Il prit sa cravache et, souhaitant le bonsoir au père Marcel, il sortit.

XXIV.

Cadet aimait mieux un excès de précaution qu’un manque de prudence. Le portier et dame Tremblay pouvaient se voir, causer, faire des suppositions qui seraient devenues des réalités pour d’autres. Le plus sage était donc d’exiger un silence complet.

Il retourna précipitamment vers son compagnon et lui versa une pleine coupe de cognac. Bigot la vida d’un trait. Cadet en vida une à son tour, puis il recommença :

— Il faut, dit-il, que je me débarrasse de ce goût de fossoyeur qui m’est resté.

Bigot se sentit mieux, mais il était sombre et ne voulait pas parler. Cadet respecta son caprice ou son chagrin.

Ils remontèrent à cheval et se rendirent, sans être vus de personne, au palais de l’Intendant.

Au palais, nul ne fut surpris de les voir arriver à pareille heure. Le contraire aurait été plutôt remarqué.

XXV.

Quand dame Tremblay descendit à la chambre secrète, elle branla la tête en disant :

— C’est un vert galant que mon maître ! je n’en rencontrais pas de plus gentil quand j’étais la charmante Joséphine, et pourtant !…

Il va voir que je sais garder un secret… et je veux le garder ! le garder comme mes dents…

Et elle le garda jusqu’après la conquête du Canada,