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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/171

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le chien d’or

— Fanchon, habillez-moi, dit elle… Je veux étrenner la superbe amazone et les plumes magnifiques que je viens de recevoir de Paris.

Elle gardait sa pâleur, cependant, et Fanchon lui proposa de mettre un peu de rouge. Elle ne refusa pas.

— Vous voilà plus belle que jamais, fit la servante en reculant d’un pas pour l’admirer. Je plains les gentilshommes que vous allez rencontrer : vos regards assassins vont en faire des victimes.

IX.

Dans un autre moment, Angélique aurait jeté un éclat de rire. Elle frissonna, repoussa brusquement la jeune fille et fut sur le point de se fâcher. L’étonnement de Fanchon la rappela à la prudence ; elle eut la force de sourire et demanda avec une indifférence affectée :

— Où est mon frère, Fanchon ?

Fanchon répondit en tremblant :

— Il est allé au Palais avec le chevalier de Péan.

La pauvre Fanchon ! elle avait peur d’avoir déplu à sa maîtresse et ne pouvait s’expliquer comment.

— Comment savez-vous qu’il est au palais ? continua Angélique.

— Je les ai entendu parler, madame. Le chevalier de Péan a dit que l’Intendant était malade et ne voulait voir personne.

Angélique ne put se défendre d’un certain effroi.

Êtes-vous sûre qu’il a dit cela, Fanchon ? demanda-t-elle.

— Oui, madame. Mais il prétendait en même temps qu’il était plus mécontent, plus irrité que malade. Il ne l’a jamais vu dans un pareil état.

— Et sait-il la raison de cette maladie ou de cette mauvaise humeur ?

— Non, madame. Le chevalier Des Meloises pense que ce sont les nouvelles de France.

— Dépêchez-vous donc ! dites donc tout ! fit Angélique en frappant du pied avec impatience.