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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/190

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le chien d’or

qui se frappait la poitrine avec une vigueur que la contrition parfaite peut seule donner… C’est en vain que je lui parlai de la Vallière, et de l’exemple du roi ; en vain que je la menaçai des foudres de l’évêque. Elle a fini par me jeter ce pavé sur la tête :

Faites-en votre femme ; elle a plus la vocation de la famille, que la vocation religieuse.

— Et vous n’avez pas réussi ?

— Comme vous voyez, mon cher Cadet.

VII.

— Eh bien ! recommença Cadet, après s’être amusé un instant à regarder flotter le léger nuage qui montait de sa pipe, eh bien ! vous l’épouserez… ou vous ferez pis.

Bigot se promenait toujours. Il s’arrêta devant une fenêtre et regarda dehors. Les fleurs d’automne ouvraient leurs frileux pétales, pour les voir aussitôt emportés par la bise. Dans un coin, un rosier blanc agitait ses branches dépouillées.

Bigot qui avait regardé sans voir, machinalement, fut tout à coup captivé.

Il avait cueilli à ce rosier des roses superbes et les avait envoyées à Caroline. Elle les plaça dans son oratoire, comme pour donner à sa prière un parfum plus doux…

Et la figure pâle, suave, angélique de la jeune martyre lui apparut tout à coup, parmi les roses blanches de son souvenir…

Deux courants d’idées fort différents le saisirent à la fois ; les délices de l’amour perdu et la peur de l’avenir.

VIII.

Il ne redoutait pas Angélique ; elle était, comme lui, condamnée au silence. Mais il y avait une autre personne dans le secret ; une femme, si l’on en jugeait par le fragment de lettre. Et puis, n’avait-il pas déjà transpiré, ce secret ?

— Cadet, fit-il, tout à coup, en se tournant vers