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le chien d’or

— Quel est cet actionnaire ? demanda Bigot.

— Le Gardeur de Repentigny, déclina de Péan avec fatuité.

— Tut ! tut ! il nous passera plutôt sur le dos !… les Philibert l’ont ensorcelé.

— Veuillez me laisser faire, et vous verrez !

— À votre aise, de Péan ! vous avez vos coudées franches.

Quelle victoire pour la grande compagnie ! quelle défaite pour les honnêtes gens ! si vous réussissiez à mettre du sang entre les Philibert et les Repentigny !

XI.

Aussitôt après cette exclamation haineuse, Bigot toucha amicalement l’épaule de son secrétaire :

— De Péan, lui murmura-t-il, vous êtes plus habile que je ne pensais, et la compagnie vous devra une récompense extraordinaire.

— Tenez votre promesse, Excellence ! et je serai satisfait.

— Je la tiendrai, de Péan ! Vous aurez Angélique, avec la plus ronde dot qu’il soit possible d’imaginer. Si vous l’aimez mieux, cependant, vous ne prendrez que la dot. À votre choix.

— Oh ! je tiens à l’une et à l’autre, Excellence ! mais…

— Mais ?…

— Le Gardeur pourra aussi la lui revendiquer, peut-être, cette femme, pour le prix de son exploit ?…

— Bah ! soyez tranquille ; ivre ou sobre, il est toujours grand seigneur, et n’acceptera point mes conditions ! Vous savez, c’est un romanesque, et il croit à la vertu des femmes.

— À part cela, observa Cadet, il faudra qu’il se batte avec Philibert, avant que son épée n’ait séché ; je ne donnerais pas un sou de ses os, cinq heures après la fin du bourgeois.

XII.

Cette affirmation parut vraisemblable à De Péan,